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Chaosmuse la folie comme le grand Hic ou le petit Hop

La Borde

L’expérience d'un théâtre d’expérimentation au sein de l’hôpital psychiatrique ne m’est pas nouvelle. Je l’ai connue, bien que différemment, à la clinique de La Borde où j’ai précédemment travaillé pendant huit ans, invitée par Jean Oury à faire un atelier théâtre avec les acteurs-patients de la clinique. Pareillement nous formions un groupe, une petite tribu prête à toutes sortes d'explorations. Nous expérimentions des constructions dynamiques propres à produire des singularités, des chorégraphies, des machines clownesques, burlesques et parcourions les chemins de la forêt environnante, nous jouions avec tout ce qu’on trouvait ici et là, portés que nous étions par les devenirs d’un théâtre de la faille.

Lorsque j'ai appris que l'aventure ne se terminerait bientôt, j’ai réalisé un film pour qu’il reste une trace de notre expérience : Un petit peuple qui va là-bas.


Mon travail semble trouver asile dans les lieux de la folie.


La folie

La folie est le thème central de mon écriture – celle des corps muets qui défont la langue, insoumis à l’ordre du langage. Plus que sujet, écriture en elle-même, une expérimentation, un processus machinique de composition à produire de l’absence de sens, sans sens, sans signification, à défaire les fixités, à dissoudre les coordonnées représentatives, à trouer les logiques rationnelles… etc. Je n’ai eu de cesse de frayer une issue à la folie qu’on enferme par la recherche d’une proto-écriture capable de saisir une réalité qui échappe à nos perceptions, inaccessible par le langage et qui se conçoit comme une capture des phénomènes physiques et micro physiques de la matière, de la vie moléculaire, de ses flux et de ses dynamismes. En soi une machine d’écriture des forces et du soulèvement de la matière, une désubjectivation, et sûrement une machine d’enfance comme machine désirante à ré inventer le monde désenchanté et que j’appelle la chaosmuse.





La chaosmuse

La chaosmuse, en référence au chaosmos (mot inventé par James Joyce, par l’assemblage de « chaos » et de « cosmos ») et que je fais dériver depuis la chaosmose, notion et concept que développe Félix Guattari (assemblage de chaos et d’osmose) comme la pensée d’un va-et-vient entre le chaos et la complexité, comme l’invention d’une nouvelle sensibilité, d’un art qui « lutte effectivement avec le chaos, pour y faire surgir une vision qui l’illumine l’instant, une Sensation »[1]. J’entraine donc la Chaosmose vers la « Chaosmuse », le chaos en muses, en attirance, en amusement, au sens d’un ré-enchantement, en musement, au sens de l’absorption mutique, d’une immersion hors du temps chronologique, en puissance de mutations et de devenirs, tout comme en museau et sentir animal, instinct et intuition, le sentir à la trace d’une conscience somnambulique qui va sans savoir.

Alors y plonger la tête la première pour en rapporter des blocs d’infinis, des complexités riches de virtualités à régénérer et à ré-inventer un monde. Je vois dans la chaosmuse un athlétisme particulier de l’art de la plongée dans les forces chaosmiques, de l’enroulement labyrinthique, de sorte qu’elle serait une danse nourricière de la faille, une pratique radieuse de la désorganisation, un art jubilatoire du déraillement, une production d’exubérance des forces, pourvu que ça crée du mouvement, des devenirs, des subjectivités audacieuses, amoureuses, transport et libération des forces de la matière figée et de toutes choses inertes fixées dans une unité de forme et de fonction.

[1] G. Deleuze et F. Guattari, Qu’est-ce que la philosophie ?, op. cit. p. 204.





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